Balades naturalistes : explorer la diversité du Mâconnais à travers ses sentiers

07/10/2025

Le Mâconnais, une biodiversité enracinée dans un patrimoine géologique ancien

Le Mâconnais repose sur un socle calcaire jurassique qui a façonné des reliefs doux et modelé des écosystèmes caractéristiques. Les pelouses calcaires, habitats rares à l’échelle nationale, accueillent une étonnante diversité floristique : on recense pas moins de 120 espèces de plantes inventoriées rien qu’autour du Mont de Pouilly, dont 16 protégées régionalement (Conservatoire botanique national du Massif central).

Les coteaux du Mâconnais sont également traversés par de petits ruisseaux, des haies vives, des murets de pierres sèches – autant de refuges qui contribuent à la présence d’oiseaux rares comme le Busard cendré. Selon une étude menée par la LPO Bourgogne-Franche-Comté en 2022, le Mâconnais Sud abrite le plus fort taux régional de Pie-grièche écorcheur, une espèce menacée à l’échelle européenne.

Les itinéraires emblématiques pour observer la nature du Mâconnais

Autour de la Roche de Solutré et de Vergisson : immersion dans un "Grand Site de France"

  • Le Sentier de la Roche de Solutré : Classée Grand Site de France depuis 2013, la Roche de Solutré propose un sentier en boucle de 4,2 km (dénivelé 200 m environ), offrant une immersion dans des pelouses et coteaux calcaires remarquablement fleuris au printemps (orchidées, anémones pulsatiles, argousiers...). Plus de 150 espèces de plantes ont été recensées sur le site (Grand Site Solutré Pouilly Vergisson).
  • Focus faune : le matin, plusieurs espèces de papillons, dont l’azuré du serpolet, sont visibles ; le circaète Jean-le-Blanc est observable en vol plané dès la mi-avril au-dessus des falaises.
  • Conseil : Emprunter le sentier balisé jaune depuis la Maison du Grand Site, muni d’une paire de jumelles, pour repérer criquets, hérissons, chauves-souris et même lézards ocellés sur les pierres exposées au soleil.

Mont de Pouilly et Mont de Saint-Romain : coulisses des pelouses sèches

  • Le sentier du Mont de Pouilly (6,5 km depuis Solutré-Pouilly, balisage jaune) contourne des mosaïques de pelouses sèches typiques, abritant en mars-avril les premières floraisons exceptionnelles de fritillaires pintades, narcisses ou lotiers corniculés.
  • Le Mont de Saint-Romain, accessible depuis Sologny (circuit balisé bleu), offre sur 5 km une vue ouverte et des passages forestiers appréciés de la faune discrète : c’est l’un des meilleurs points d’écoute du chant de l’alouette lulu ou du bruant ortolan, deux oiseaux emblématiques des paysages ouverts du Mâconnais.

Bords de Saône et du Val Lamartinien : zones humides et diversité d’oiseaux

  • Le sentier de la Réserve naturelle de La Truchère-Ratenelle (accessible à 30 min de Mâcon, boucle de 2 à 6 km) serpente entre marais, tourbières et dunes de sable fossilisé. On y croise plus de 170 espèces d’oiseaux recensées sur un an (source : Réserves Naturelles de France) dont la Sterne pierregarin, le Milan noir ou le Martin-pêcheur d’Europe.
  • Accès facile depuis la base de loisirs ; sur place, panneaux pédagogiques et observatoires ornithologiques.

Les chemins viticoles de Chasselas, Prissé et Fuissé : flânerie entre murets et friches

  • Certains itinéraires serpentent entre vignes, bosquets et vieilles haies. Plus de 80 espèces de fleurs différentes dénombrées à la belle saison entre Fuissé et Prissé, dont des orchidées européennes rares comme l’Ophrys abeille (source : Société mycologique et botanique de Saône-et-Loire).
  • Le printemps révèle une microfaune abondante (grenouilles, micromammifères, couleuvres) souvent observée près des mares ou lavognes encore utilisées par la faune locale.

Espèces phares à repérer lors de vos balades dans le Mâconnais

  • Ophrys abeille : Orchidée rare, protégée au plan national ; visible entre avril et juin dans les pelouses calcaires.
  • Lézard ocellé : Le plus grand lézard d’Europe (jusqu’à 35 cm), discret mais présent sur les versants sud, notamment près de Vergisson.
  • Pie-grièche écorcheur : Oiseau emblématique au masque noir ; niche dans les haies et petits buissons, repérable lors des chaudes journées d’été.
  • Cassenoix moucheté : Rare en France, une poignée d’observations au sud de Cluny, fascinant à chercher.
  • Chauve-souris rhinolophe : Plusieurs petites colonies recensées dans les caves semi-abandonnées (LPO 71).

Meilleures pratiques d’observation : le respect du vivant

  • Restez sur les sentiers balisés pour préserver la fragilité des milieux, surtout dans les pelouses sèches et autour des zones de nidification.
  • Privilégiez la visite tôt le matin ou en fin d’après-midi, moments où la faune sort le plus et où les températures sont plus agréables.
  • Utilisez des jumelles ou un appareil photo avec zoom pour éviter de déranger animaux et oiseaux nichant au sol.
  • Emportez un sac pour récupérer vos déchets, voire ceux trouvés en route.
  • Laissez champignons, fleurs et pierres sur place ; leur prélèvement est une perte pour la biodiversité locale – et dans certains cas, interdit.
  • En période de floraison, limitez les sorties en groupes nombreux (plus de 10 personnes), pour limiter le piétinement.

Focus : initiatives et événements pour sensibiliser en marchant

  • Depuis 2019, la Ligue de Protection des Oiseaux organise chaque printemps une "Nuit de la Chouette" autour de Solutré, combinant randonnée nocturne, découverte des rapaces et contes locaux.
  • Le Printemps des Orchidées propose, chaque fin avril, des visites guidées gratuites sur le Mont de Pouilly, avec experts bénévoles pour décrypter la diversité végétale (CBN Massif central).
  • Des chantiers participatifs de restauration des murets de pierre sèche sont programmés chaque automne, témoignant d’une animation associative locale vivace (voir la LPO et Grand Site de Solutré).

Conseils pour préparer votre prochaine balade naturaliste

  • Cartes et applications : Préférez les cartes IGN Top 25 (3028 O, 3029 E) ou l’application Vigie-Nature pour localiser vos observations et signaler une espèce rare.
  • Guides d’identification : Emportez un petit guide sur les fleurs et oiseaux du Mâconnais (les éditions de la Salamandre proposent des fascicules bien illustrés).
  • Equipement : Chaussures fermées, chapeau, gourde, jumelles légères suffisent généralement. Prévoyez un bloc-notes pour noter vos trouvailles ou l’appli iNaturalist.
  • Respect de la réglementation : Certains sites sont classés Natura 2000 (Solutré, Truchère) ; renseignez-vous sur les périodes de sensibilité biologique avant de sortir des sentiers (site natura2000.fr).

Pour aller plus loin : s’immerger dans la nature vivante du Mâconnais

Explorer la faune et la flore du Mâconnais n’est pas une science réservée aux experts équipés de longues-vues ou de guides naturalistes. Chaque sentier offre, à qui sait prendre son temps, la chance d’une rencontre : un papillon posé sur une euphorbe, le vol de hérons au détour des zones humides, le parfum discret du thym sauvage froissé sous les pieds. Si l’on ajoute à cette diversité le maintien d’une agriculture de tradition favorisant la biodiversité dans les vignes et les prés, la région se découvre aussi bien dans le détail botanique que dans l’horizon large d’une balade au couchant.

Marcher dans le Mâconnais, c’est accepter de s’ouvrir à l’inattendu, et parfois de devenir témoin, le temps d’un instant, d’un paysage vibrant de vie. Que l’on soit promeneur occasionnel, passionné de nature, ou simplement curieux, la multitude d’itinéraires disponibles invite à renouveler l’exploration au fil des saisons. Cartes et jumelles peuvent aiguiller le regard, mais l’essentiel se joue souvent dans l’attention et la patience. Le Mâconnais ne se livre jamais tout à la première visite – et c’est sans doute là l’une de ses plus grandes richesses.

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