Les principales familles de sols du Mâconnais
1. Les sols calcaires : colonne vertébrale du vignoble
Le calcaire est roi dans le Mâconnais. Il se matérialise par de grandes barres claires, visibles dans le paysage (la Roche de Solutré étant l’emblème le plus connu du secteur). Chez les vignerons, ces sols sont parfois qualifiés de “blancs” ou de “pierreux”, et marquent profondément le profil aromatique des vins produits.
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Origine : Calcaire du Jurassique supérieur, issu d’anciens fonds marins aujourd’hui relevés et fracturés (ex : calcaires à gryphées).
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Exemples marquants :
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Solutré-Pouilly, Vergisson : pentes très caillouteuses, calcaires durs, racines de vigne qui puisent en profondeur.
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Clessé, Azé, Igé : alternance de bancs calcaires, parfois couverts de cailloutis issus de l’érosion des hauteurs.
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Impact sur le vin : Ces sols apportent tension, minéralité et finesse aux blancs (Chardonnay), fraîcheur et souplesse aux rouges (Gamay), avec une signature délicate en finale.
2. Les marnes : l’allié des grands blancs
Reconnaissables à leurs couleurs pâles et parfois bleutées, les marnes sont un mélange de calcaire et d’argile. Leur faculté à retenir l’eau et à nourrir la vigne donne naissance à des vins d’une grande expressivité aromatique.
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Localisation : Souvent sur les flancs ouest du Mâconnais (Viré-Clessé, Montbellet, Lugny).
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Typologie : Marnes du Lias et du Dogger, parfois enrichies de fossiles et de bancs argileux.
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Influence : Elles offrent rondeur et ampleur au Chardonnay, ainsi qu’une très bonne tenue des vins à la garde.
Le contraste entre marnes et calcaires, ainsi que leur alternance sur quelques mètres, explique la palette très large des climats du Mâconnais.
3. Les argilo-calcaires : l’équilibre subtil
On parle souvent d’argilo-calcaire pour désigner les zones dans lesquelles l’argile intervient dans des proportions modérées, associée au calcaire. Ce type de sol se retrouve sur les coteaux bien exposés à l’est et au sud.
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Particularités : Ces sols offrent un drainage efficace et conservent la fraîcheur, même lors d’étés chauds.
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Exemples : Prissé, Davayé, Milly-Lamartine, Saint-Véran et une grande partie du secteur de Fuissé.
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Pour la vigne : Idéal pour exprimer une belle vigueur végétative sans excès, ce qui favorise l’équilibre naturel du vin.
4. Les sols argileux : force et générosité
Sur certaines zones des vallées et des plateaux, l’argile domine, donnant des terres lourdes, souvent rouges à brunes.
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Localisation : Bas des coteaux, anciennes zones de dépôts ; par exemple, une partie de la vallée de la Petite Grosne.
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Aptitudes : L’argile retient fortement l’eau, ce qui peut être précieux les années sèches mais rend le labour difficile lors des saisons pluvieuses.
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Usage historique : Nombreuses briqueteries locales au XIX siècle (ex : à Lugny ou La Roche-Vineuse) ; utilisation de l’argile pour la fabrication des tuiles et des poteries.
Pour la vigne, l’argile permet au Gamay d’exprimer puissance et gourmandise. On y trouve aussi quelques rares plantations de Pinot noir.
5. Les sables et éboulis : une signature beaunoise ?
Certains versants et pieds de coteaux présentent des sols plus légers, faits de colluvions sableuses ou d’éboulis calcaires issus de l’érosion.
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Rôle : Parfaite adaptation pour les vignes de bas de coteau, précocité de maturité, vigueur moindre.
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Effet sur le vin : Les vins révèlent souvent des notes fruitées franches et beaucoup de gourmandise.
On trouve ces sols, en taches, à Berzé-la-Ville ou Charnay-lès-Mâcon, ou dans les combes abritées. Ils racontent aussi une part de l’histoire de la vigne bourguignonne, car ces sols étaient parfois délaissés des paysans autrefois, avant d'être revalorisés par les vignerons modernes.